CCC 2015: récit de course

CCC : au bout du défi! (récit de course)

CCC 2015: récit de course

Pour la fin du mois d’août, j’avais rendez-vous avec mon objectif de l’année, à Chamonix, capitale du trail l’espace d’une semaine : la CCC.

Arrivée à Chamonix

J’arrive mardi après-midi à Chamonix. Qu’on soit traileur ou non, l’UTMB est une référence du trail. Pour faire court au débat, il existe d’autres courses qui peuvent être considérées comme plus belles, moins chères, moins bling-bling, plus dures… N’empêche, toutes ces courses n’ont pas l’aura, l’image ou le rayonnement de l’UTMB…

En ce mardi après-midi, c’est déjà l’effervescence à Cham’. La veille, le départ de la PTL (Petite Trotte à Léon) avec  ses 300km et 26 000 mètres de dénivelé  a été donné sous une pluie battante. Les coureurs, dont fait partie mon pote Doune, sont partis pour un énorme tour du Mont Blanc qui va durer toute la semaine.

Logé à l’ENSA par l’organisation, je retrouve Vincent de Journal du Trail en fin d’après-midi, avec qui je vais partager ma chambre.

Départ pour Vincent sur la TDS

Le lendemain, Vincent s’attaque à une autre course : la TDS (Sur la Trace des Ducs de Savoie) avec 119km et 7250m de dénivelé. Je le suis via Livetrail et on s’appelle de temps en temps, souvent aux alentours d’un de ses ravitaillements. Je le retrouve le jeudi matin à 8h11, après 26h10 de course, en 388ème position. Le récit de son aventure est à découvrir prochainement sur Journal du Trail. Cette arrivée est l’occasion pour moi de rencontrer enfin le Monkey déjanté Apostolos.

 

 

@vgaudin termine la #tds2015 en 26h10 à la 388e place. Bravo!!

Une photo publiée par Greg Runner (@greg_runner) le

Le départ de la CCC ayant lieu le vendredi, j’en profite pour retrouver des amis et faire des rencontres. Cécile Bertin qui cache bien son intention de participer à l’UTMB, Sylvain  Bazin, Sébastien Réby, Manu, Corinne Peirano, Adrien qui a découvert la montagne avec la CCC l’année dernière, Carine qui s’aligne au départ de la CCC pour la quatrième fois, Apostolos qui s’attaque au mythique UTMB… Bref, j’oublie plein de belles rencontres ; je ne m’ennuie pas.

 

 

Ça y est, je suis badgé. Je ne peux plus faire marche arrière… #UTMB #CCC #ccc2015

Une photo publiée par Greg Runner (@greg_runner) le

Le jeudi, veille de course, je prépare mon sac et je retire mon dossard. Une fois « bagué », je profite d’une sieste de 1h30 pour recharger au mieux les batteries. Je reçois également de nombreux messages et appels pour m’encourager ; ça recharge à fond les piles pour le mental !

 

 

Bon bin, Yapluka! #ccc2015 #CéDemain #dossard3298

Une photo publiée par Greg Runner (@greg_runner) le

CCC: jour de course!

Le lendemain, le réveil  sonne à 5h45. C’est le grand jour, c’est le jour J. Je prends une douche pour me réveiller l’esprit et le corps. Je avale un rapide petit dej que je prolongerai jusqu’à l’heure du départ. A 6h30, je retrouve Carine afin que nous prenions ensemble le bus qui nous amène à  Courmeyeur.

A Courmeyeur, nous avons plus d’1h30 à patienter. Carine, bien rodée côté organisation sur la CCC, m’emmène directement à un café à quelques mètres de la ligne de départ. Avec Carine, le temps passe tranquillement et je ne ressens aucun signe de stress. L’effervescence est telle que j’apprécie tout simplement cette ambiance de fête.

En attendant le départ de la CCC

A 8h30, nous décidons de nous diriger vers le départ. Martin Gaffuri m’interpelle. Il veut m’interviewer pour la WEB TV de l’UTMB. C’est mon heure de gloire !!! (voir la vidéo ci-dessous à 5min35).


CCC ® 2015 – L’avant départ par UltraTrailMontBlanc

Avec Carine, nous nous dirigeons vers le premier sas. Malheureusement pour elle, elle doit se retrouver deux sas derrière. Nous devons nous séparer.

L’heure du départ approche. Les hymnes suisse, français et italien sont tour à tour joués. L’émotion devient palpable. Le compte à rebours est lancé sous un ciel bleu, sans nuage.

CCC, c’est parti!

Le départ est légèrement en descente et nous faisons un petit tour dans un Courmayeur bien réveillé. La foule est présente pour encourager les coureurs qui s’élancent sur la CCC. Nous montons tout doucement sur une route bitumée. La stratégie semble la même pour tout le monde : bien se placer afin de ne pas subir les bouchons quand la route deviendra sentier.

Quand mes semelles foulent la terre, c’est parti pour l’ascension de la Tête de la Tronche, qui culmine à plus de 2571 mètres (1300m d’ascension). J’avance assez bien, même si je subis les accordéons avec des arrêts intempestifs, dû au grand nombre de coureurs devant moi. Du coup, j’en profite pour admirer les paysages, pendant qu’un troupeau de moutons admire les traileurs pressés. Dès que nous sortons du bois, la chaleur et le soleil pèsent sur les épaules. La montée devient ainsi plus lente sur les 300 derniers mètres de dénivelé. Le sommet passé, je peux relâcher vers le refuge Bertone. Je n’ai pas perdu trop de temps.

CCC 2015: Tête de la Tronche

Dès le départ, il fait trèèèès chaud!

Au refuge, je m’asperge d’eau et je bois un peu d’eau fraîche avant de repartir. Le soleil chauffe de plus en plus fort et j’apprécie les moments courus à l’ombre. Et sur un sentier plat, sans racine ni caillou, je fais ma première chute.  Plus de peur que de mal. Je me relève avec juste quelques égratignures au coude et je repars.

La chaleur pèse. Mes jambes sont lourdes et mes sensations ne sont pas au beau fixe. J’avance tant bien que mal, restant néanmoins sur une bonne allure. J’ai un sourire jusqu’aux oreilles et je profite de la vue.

Arrivé au refuge Bonnati, je prends un bol de bouillon accompagné de vermicelles. Il fait chaud, mais il faut s’hydrater et  prendre du salé. Je ne traîne pas plus, je pourrai mieux me ravitailler à Arnuva. Le profil de la course est roulant mais je n’avance pas comme je veux. Les jambes sont lourdes et je ressens déjà des crampes arriver au-dessus des genoux. La chaleur fait des dégâts. Mais je regarde très peu ma montre car je sais que mes temps de passage sont faussés. Avec la chaleur, le cardio est également plus haut que la normale et je ne peux pas m’y fier. Je cours à la sensation, fort ds mes dernières expériences, sur le 80km du Mont Blanc et la MaxiRace.

A l’assaut du Grand Col Ferret

A Arnuva, je prends des quartiers d’orange et un bouillon. Je me recharge également en eau fraiche et je m’asperge avant de repartir. Je pars à l’assaut de la seconde bosse du parcours : le Grand Col Ferret qui culmine à 1537m, soient 900m à grimper.

Vers le Grand Col Ferret

Grimper au Grand Col Ferret est un véritable calvaire pour moi. Je subis le soleil : pas une zone d’ombre, très peu de ruisseau pour se rafraichir et une ascension qui se fait à la vitesse de l’escargot. Quand un point d’eau se présente, je passe la tête sous l’eau mais je ne sens aucun effet. J’ai l’impression que l’eau s’évapore aussitôt.

Sous la chaleur!

Arrivé au sommet, je suis cuit au sens propre. Je m’installe au seul coin d’ombre, c’est-à-dire derrière la tente de l’organisation UTMB. Pour faire baisser ma température, Je me pose plusieurs minutes. Je viens de perdre beaucoup de temps par rapport à mes prévisions. Mais je me dis que je peux encore le rattraper, que pour le moment, il vaut mieux gérer. Je repars pour une longue descente de 18km de plus de 1400 mètres de dénivelé.  Au début, mes jambes sont lourdes, encore marqués par la précédente montée. Mais progressivement, les bonnes sensations arrivent. Je peux enfin dérouler et me laisser glisser dans la pente. Ainsi, je double de nombreux coureurs.

Passage par le Grand Col Ferret

Je m’hydrate toujours beaucoup, ce qui commence à faire mal à l’estomac et je me force à prendre quelques solides pour garder des forces. A la Peule, je fais un rapide arrêt pour me rafraîchir la tête et remplir mes flasques. Je maintiens toujours une allure rapide, tout en veillant à ne pas trop fatiguer les muscles. Les moments de plat sont appréciables, et permettent aux jambes de travailler autrement.

Vomissements et inquiétude

Il fait toujours aussi chaud, mais le vent créé par le déplacement rapide fait du bien. Et je bénéficie d’un peu plus d’ombre.A La Fouly, il fait toujours aussi chaud. Même protocole : recharge en eau, quelques quartiers de jus d’orange et un peu de bouillon. Sauf qu’à la sortie du ravito, le bouillon ne passe pas. Je fais quelques mètres en courant mais je m’arrête pour vomir tout ce que je viens d’avaler. Quand on commence à vomir, ce n’est jamais bon signe. Je me dis que cela peut-être dû à 3 choses :

  • j’ai trop bu et l’estomac, trop plein, rejette le surplus, ce qui reste gérable;
  • Le bouillon était mauvais, et mon corps l’a aussitôt rejeté. Ca peut peut-être être gérable;
  • je ne suis pas bien, j’ai pris trop de sucre et mon estomac ne fonctionne plus correctement. Dans ce cas, il y a de fortes chances d’abandons à l’un des prochains ravitos.

Je table pour un mélange des deux premières hypothèses. Je me force à vomir ce qui est à rendre. Ensuite, je bois un peu d’eau pure et repars en courant. L’estomac est sensible. Dix minutes après ce fâcheux épisode, je mange un tiers de barre énergétique et je bois de l’eau. Je refais cela 20 minutes après,  et ça passe plus ou moins.

Coup de chaud?

Je continue sur mon allure, m’arrêtant à chaque fontaine qui se présente pour passer la tête sous l’eau. En plaine, après avoir passé Praz de Fort, les montagnes cachent le soleil. Mais l’air est toujours aussi lourd, confirmé par les courants d’air chaud qui nous arrivent de temps à autre. Je me rafraichis à chacune des fontaines croisées. J’éclabousse quelques passants au passage, ce qui ne semble pas leur déplaire.

Arrivé à l’un des points les plus bas du parcours, il faut monter 350m. C’est dur, mais comme la température diminue, les jambes sont plus performantes en montée, et les bras poussent mieux sur les bâtons.

Résurrection avec la fraîcheur du soir

A Champex, la foule est en délire et encourage à tout va. Dans la tente, il fait chaud. J’ai besoin de me refaire une santé. Je prends des pâtes, je prends de la Saint-Yorre et du Coca coupé à l’eau. Le liquide passe bien, le solide un peu moins.  J’appelle ma famille qui me pousse à coup de textos depuis le début de la course, tout en me ravitaillant. Les entendre me fait  un bien fou, et me fait limite monter les larmes aux yeux.

J’en profite pour enlever les cailloux de mes chaussures et refait le plein de gels et de barres dans les poches de mon sac et je repars pour la seconde moitié du parcours, après 9h30 de course. Cette première moitié de CCC m’a bien cassé. Mais le soleil va laisser place à la nuit. Moi qui préfère le froid au chaud, je sais que je peux me refaire une seconde vie. D’autant que j’ai pu gratter quelques minutes sur mon retard prévisionnel…

2ème partie de la CCC: la course commence?

J’aurai tendance à dire que c’est maintenant que la course commence. Mais vu la chaleur dans la journée, je pense que pour certains, le course est déjà jouée. Des coureurs abandonneront déshydratés, d’autres auront gaspillé trop de force pour jouer leur place sur la seconde moitié du parcours. Je ne pense pas faire partie d’une de ces catégories.

Pour me remettre en jambe sur cette CCC, il y a une petite bosse à monter et redescendre, avant de s’attaquer à 900m de montée. C’est une ascension assez raide et technique. Je fais une grande partie du parcours avec une nana. D’abord je la suis. Puis elle commence à lâcher et je luis dis de me suivre. Je l’entends pester à chaque grosse marche à grimper. Il faut dire que ça casse bien les pattes!

Pendant les ¾ de l’ascension, un poulpe nous suit. Non, je n’hallucine pas. Il s’agit juste d’un supporter avec une perruque «poulpe» qui nous accompagne. Il passe devant,  on ne le voit plus, on le retrouve plus loin et il nous encourage, puis on ne le voit plus, et ainsi de suite. Cela fait passer le temps et ça met de l’ambiance. Avec la nana qui me suit, nous sommes d’accord pour dire qu’il s’agit d’un gars qui est sorti d’un asile pour bonne conduite…

Une fois arrivé en haut avec un litre de sueur en moins, la nuit commence à tomber. C’est le deuxième point du parcours où je perds du temps. Mais j’en prends plein la vue. Je fais quelques photos, mais cela ne vaut rien par rapport au spectacle qui se présente devant moi.

Seul sur les cimes (ou presque)

La lune brille. Dans la vallée, les villes se devinent par l’éclairage urbain. Les cimes sont dessinées dans l’obscurité par un horizon à peine rougeoyant. Je prends quelques instants pour admirer ce paysage, car ce n’est pas tous les jours que peut se retrouver à la montagne dans de si belles conditions.

La nuit est tombée sur la course
LA

Je suis seul et je cours sans frontale. Into the wild.

J’arrive à une ferme où je vois des lumières s’agiter. Mais pour les rejoindre,  je dois au préalable passer un troupeau de vaches assez excitées, qui se battent entre elles. J’essaie de contourner mais une d’entre elle n’a pas l’air d’apprécier. Je recule. J’essaie une seconde fois de contourner un peu plus loin, mais une seconde vache m’effraie. Je fais un pas en arrière et elle en fait deux en avant. Surpris, je lève mes bras accompagné d’un «Ho !» bien viril, qui effraie les vaches, ce qui me laisse un passage. Je m’y engouffre rapidement.

Le chemin interminable vers Trient

Je retrouve les frontales. Puis je mange un de mes sandwichs jambons-beure tout en sortant ma frontale et mon sweat. Lampe vissée sur ma tête et sweat accroché au sac à dos, pour pouvoir l’enfiler dès que la fraicheur se fera ressentir, je me relance sur ma CCC.

Le chemin pour amener au prochain point de contrôle de cette CCC devient interminable. Mais la Giète surgit soudainement au détour d’une colline, véritable point de lumière qui déchire l’obscurité. Je passe le contrôle à 21h23 en 390ème place après 12h22 de course. Malgré la nuit tombée, j’ai chaud. Je passe ma tête sous l’un des robinets et je pars sur la descente.

Une nuit chaude

Mon bon rythme de coureur permet de rattraper des traileurs. Je suis concentré sur le chemin, essayant de garder une foulée fluide et légère. Cela n’empêche pas une seconde chute, après avoir buté contre une racine. J’ai fait plus de peur aux coureurs que je venais de doubler que je me suis fais mal. Je me relève en remerciant le gars qui m’aide à me relever et je relance aussitôt.

A l’approche de Trient, j’entends l’effervescence, sur un fond de musique de Thierry Hazard. Je passe par un pont métallique qui me semble avoir été installé pour l’occasion, permettant de traverser une voie rapide en tout sécurité. Au loin, j’entends le public encourager chaque coureur. Lorsque j’arrive à 150m du ravito, je suis encouragé de loin. Ça donne la banane et j’improvise un moon-walk pour le public, à qui il ne fallait pas plus pour mettre le feu.

Je rentre dans le ravito de Trient en marchant (12h58, 362ème). Je ne bois plus de bouillon, qui est pourtant le seul ravitaillement salé proposé. A la place, je me rabats sur un de mes sandwichs «parisiens» avec un bol de coca, et des quartiers d’orange. Je prends également quelques raisins secs. Je repars du ravito en regardant le profil de la CCC pour savoir où j’en suis et ce qui m’attend. Avec quelques personnes, je plaisante avant de repartir. 600m de dénivelé à monter, c’est limite ridicule par rapport aux précédentes bosses.

Prochaine étape: Vallorcine

Je monte à un rythme correct, doublant quelques coureurs au passage. Plusieurs coureurs me suivent pendant une grosse partie de la montée. Puis ils me doublent à l’approche du point le plus haut. J’arrive à Catogne où je bois une nouvelle fois de l’eau fraîche et je remplis mes flasques. Je n’arrive plus à boire la boisson énergétique de mon camel pack, peut-être parce qu’elle est chaude, à cause de la chaleur dégagée par mon dos.

Pour redescendre, j’emprunte un chemin que je connais bien, puisque j’y suis passé en sens inverse en juin, lors du 80km du Mont Blanc. Cela rend la descente plus facile. Je comprends l’intérêt de la reco d’avant course.

Je file et je double quelques coureurs. Les distances entre les coureurs sont de plus en plus longues. Vallorcine se profile, synonyme de dernière grosse étape avant l’arrivée. Après avoir fait un coucou à la webcam, je franchis le portique après 15h20 de course en 313ème position. Je m’occupe d’abord de prendre des forces. Ma famille, bien qu’il est presque une heure du matin, m’envoie un sms pour me dire qu’ils m’ont vu à la webcam. Je les appelle et je leur fais un point.

Dur le mental pour affronter le Tête aux Vents

Globalement, je commence à accuser le coup. J’ai mal partout, au dos, aux jambes et au bide. Mais je leur dis que je sais que maintenant je vais être finisher. Julien, en pleine rédaction de son récit de l’UT4M, m’appelle également. On fait aussi le point. On estime à 1h45 pour aller à la Tête aux Vents. Enfin surtout lui, car je mise plutôt sur deux heures pour monter les presque 900m de la dernière bosse du parcours.

Pendant que je parle et je mange, je regarde les autres coureurs. Je vois les « assistants » s’affairer autour des coureurs. Un traileur se fait masser les jambes par ici, un autre se fait servir sa soupe par là, un troisième se fait remplir ses flasques et son camel pack pendant qu’il déguste son bouillon. J’ai l’impression d’être sur un stand de F1…

Je repars en enfilant ma veste. Nous sommes au bord d’une rivière qui rafraîchit l’atmosphère. Bien que le terrain soit plutôt plat, je marche rapidement au lieu de courir. Je vois des lucioles grimper un mur qui se dresse devant; c’est magique! Arrivé dans la dernière montée de la CCC, et quittant la rivière, j’enlève ma veste. J’ai plutôt un bon rythme dans l’ascension. Ça monte raide et en lacets, avec des marches par moment. Il faut lever les pieds assez haut par moment, on n’est pas là pour s’endormir!

Vers une hypoglycémie

Arrivé en haut, je manque un peu de jus, mais je repars en trottinant malgré tout. Je passe le contrôle de la Tête aux Vents avec 17h45 de course en 308ème place de cette CCC. Maintenant c’est pratiquement plat et ça descend. C’est fait pour moi! J’ai encore la foulée légère et j’arrive à courir sur le sol technique. Pourtant, 10 minute avant d’arriver à la Flégère, j’ai une hypoglycémie. Je m’arrête net sur place et je m’assois sur un rocher. J’ai un gros coup de barre, j’ai envie de dormir. Je m’allonge. Je suis bien. Mais je me redresse aussitôt pour prendre un  gel. Puis je me rallonge le temps que le gel fasse effet. Je me fais doubler à tout va. Une nana me demande comment ça va, mais je lui dis que ça va aller, qu’il faut laisser le gel faire son effet.

Au bout de 2-3 minutes, je sens l’énergie revenir. Je me mets à marcher, pour accélérer progressivement et me remettre à courir. Je retrouve la nana qui me demandait comment j’allais tout à l’heure au moment de mon hypo. Il y a une petite montée juste avant le ravito de Flégère et elle peste. Je l’encourage, et me présente comme le gars dans le coma quelques minutes plus tôt. Je la rassure en lui disant que je vais mieux. Parler permet de passer la montée tranquillement.

Flégère: dernier arrêt avant le terminus!

J’entre dans le ravito de la Flégère après 18h32 de cours en en 307ème place. Sous la tente, je décide de prendre un peu de temps pour me rebooster sur cette fin de CCC. Je me fais un plein de sucre: Coca et thé sucré!! Je ressors et je trottine très doucement. Puis progressivement, mon allure s’accélère. Il faut dire que je connais le terrain par cœur, car il a été mon terrain d’entraînement il y a deux ans. J’avale les lacets et je me remets à doubler tous les concurrents qui me sont passés devant. Quand je passe devant la nana de tout à l’heure, elle lâche son étonnement de me voir en aussi bonne forme.

Je passe le chalet de la Floria, signe d’une arrivée imminente. Puis je passe passe devant un mannequin/ épouvantail qui manque de me faire une crise cardiaque; puis je retrouve le large chemin forestier. Je déroule.

Dernière ligne droite!

Quand je retrouve la route, j’ai la bonne surprise de voir qu’on passe par un chemin plus court que ce que je pensais; super! Je passe au-dessus de l’Arve que je longe ensuite. A l’arche qui signale le dernier kilomètre, Vincent m’attend. Il immortalise le moment et me suis. Ca me fait trop plaisir de le voir. Un peu plus loin, un mec avec un sweat à capuche  me saute dessus. C’est Manu qui m’attendait! Mais vous n’arriviez pas à dormir les gars ou quoi?!

CCC 2015: à 1km de l'arrivée

Ca me donne une de ces énergies. Bien sûr, à 4h30 du matin, il ne faut pas s’attendre à une foule en délire pour remonter la rue commerçante, habituellement bondée. Mais quand je remonte vers l’arche d’arrivée, plsuieurs spectateurs sont tout de même là pour applaudir mon arrivée. Je décide de profiter de ce moment et je me mets à marcher. J’approche de l’arche les bras au ciel, et je lève la tête vers l’arche qui annonce « Ultra-Trail du Mont-Blanc – Sommet mondial du trail ». J’arrive au bout de mon périple et je saute la ligne d’arrivée: je termine 301ème de la CCC, après 19h33min23sec de course!

CCC 2015: arrivée

Sur un nuage!

Je suis sur un nuage. J’ai mis à peine plus de 33 minutes de plus que mon objectif visé, malgré la chaleur! Je remercie les potes d’être venu et je décroche mon téléphone. « On t’a vu arriver!!! » me disent les membres de la famille qui attendaient devant la retransmission Web TV de l’aire d’arrivée. Je les remercie de m’avoir suivi et de m’avoir encourager.

CCC 2015: finisher

Je passe ensuite retirer ma polaire de finisher CCC, que j’enfile. Puis je prends le temps pour réaliser une petite séance photo avec mes photographes de luxe. Avec Vincent et Manu, nous reparlons de ma course, devant le stand de ravitaillement d’arrivée. Mais le sommeil me rattrape et je commence à avoir froid. Nous nous dirigeons vers nos chambres. Après une bonne douche, je m’endormirai à peine la tête posée sur l’oreiller, le sentiment d’avoir relevé mon défi!

Remerciements

  • Merci à l’organisation de l’UTMB et Infocîmes pour son invitation à participer à cette course mythique qu’est la CCC.
  • Remerciements à tous les potes de la Runnosphère qui n’ont pas cessé de m’encourager avant, pendant et après la course!
  • Merci à Manu et Vincent d’être venu m’encourager sur la fin du parcours à 4h30 du mat’! Mention spéciale à Vincent qui a récupéré mon sac d’affaire de change pendant que je prenais une bonne douche; et qui a pris des photos de mon arrivée!
  • Merci à Julien, toujours présent par téléphone pour remettre un petit coup de boost sur la fin du parcours.
  • Un grand merci aussi à ma famille, ma femme et mes enfants pour leurs encouragements pendant toute la course, à chacun de mes ravitaillements, pratiquement en simultanée!
  • Et merci à vous tous qui me permettez de vivre mes rêves sportifs, ainsi que pour votre soutien pendant mes courses.

Et les potes dans tous ça?

Carine finira 1175ème après 25h20 de course. Vincent, je vous en ai déjà parlé. Apo terminera l’UTMB de façon médiatique après 44h52 de course en 1331ème place. J’apprendrai que Cécile sera finalement partie sur l’UTMB et aura abandonné pour intoxication alimentaire

47 commentaires

  1. Que dire de plus que bravo !!! J’ai toujours pensais que le pluie et le froid était le pire sur ce genre de course… finalement la chaleur et les vaches c’est pas top non plus 🙂

    • N’est pas RunOnline qui veut…

    • Merci Johan!! Moi, je suis un gars du nord; je crains la chaleur. La pluie et le froid, je ne crains pas, je peux toujours ajouter des couches si il faut. Par contre, la chaleur, y a pas grand chose à faire… Et boire trop, ca défonce le bide.

  2. Encore un immense bravo Greg pour ce nouveau défi relevé !! Quel sera le prochain ?

  3. Bravo Greg encore une fois tu force le respect avec cette course. Quel sera le prochain défi?

  4. Bravo Greg, un sacré défi relevé d’une bien belle manière !
    J’imagine la difficulté que cela a dû être de courir sous cette chaleur.
    Bonne récup’ et bon courage pour la suite.

  5. vraiment bravo à toi !!! et ce qui m’impressionne le plus , c’est la gestion de la course et de ces aleas !! une grande maitrise ressort de ton cr et de ta course !!! vraiment …respect !!!

    • Merci!
      Je n’arrêtais pas de réfléchir pour ne pas faire de connerie. LA gestion de course, je pense que ça représente plus de 50% de la performance, non?

      • je suis d’accord mais encore faut-il le pouvoir … et des fois , malgre le fait d’etre attentif a la gestion ..ca part en sucette..

        • Oui, c’est pas faux.
          Le truc, c’est d’anticiper avant les courses les scénarii catastrophes. Et quand tu as les premiers signes d’alertes, tu n’as pas trop à réfléchir, tu sais ce que tu dois faire…

  6. On s’est pas croisés, dommage, mais un grand bravo pour ta course et ce récit (juste le col Ferret est à 2537m, il en manque 1000 ;)) !

    • Bin ouais, t’étais où?!!
      Pour le col Ferret, je comprends pourquoi c’était si difficile. Si il rajoutent 1000m!! 😀
      Bon, on se croisera sûrement une prochaine fois!!

  7. Costaud mais tu l’as fait Greg. Bravo.

  8. Vomir, avoir du mal à manger correctement et finir en remontant, rester motivé mais à la limite musculaire, t’as sacrément géré!

    Pendant ce temps je passais une bonne partie de la course à te suivre sur livetrail (quand il fonctionnait), à t’attendre dans cette chambrée que nous nous étions aménagée mon coquin ;), révisant les passages que j’avais traversés l’année dernière.

    Sacrée fête cette semaine UTMB!
    V

  9. Je te félicite Greg, pas facile de gérer les périodes de « moins bien » sur du long mais je trouve que ton récit servira à beaucoup d’autres. Bravo et bonne récup’

  10. Félicitations ! C’est très fort, je ne sais pas comment vous faites. Je vais me contenter du marathon.

  11. J’étais sur le rythme championnat du monde d’athlé avec des insomnies entre 3h30 et 5h30.

    J’ai passé ma soirée sur le livetrail (qui marchait plutôt très mal) et je me suis réveillé spontanément à 3h20…

    et je me suis dit que c’était dommage pour toi de finir une course comme ça tout seul dans la nuit alors je me suis levé et je n’ai pas regretté de t’accompagner sur les dernières foulées… J’aurais pu monter à la Flégère mais je m’étais déjà pêté les jambes vendredi en testant la dernière descente…

    • C’est clair que l’ambiance à 4h30 du mat’ n’est pas la même que celle à 16h à Chamonix!!
      Mais c’est super sympa d’avoir es supporters de luxe à l’arrivée! Encore une fois: un grand merci!!

  12. Salut Greg, encore une fois, BRAVO! BRAVO! Une course rondement menée, comme d’hab a t-on envie de dire, et te voilà déjà suffisamment remis pour un CR toujours aussi sympathique à lire, et qui donne un peu envie de s’y coller ;-). Félicitations pour ce nouveau défit réussi qui t’aura bien occupé en préparation depuis plusieurs mois. Bonne récup et à bientôt pour une bière ou une petite foulée. Bruno

    • Merci Bruno! Faut que les jambes se remettent un peu. On se voir aux foulées suresnoises?… 😀

      • foulée Suresnoise ou foulée plus tranquille dans les bois sinon, malgré ta CCC, tu vas me lâcher au premier virage 😉
        Vu que tes conseils et retours d’expériences sont toujours appréciés, peux tu nous en dire plus sur la récupération d’une telle course? (repos complet et promenade avec poussette en guise de déambulateur 🙂 ?)

  13. Bravo Greg ! Je suis toujours très impressionné par ces ultra-trails que tu fais. De plus , tu es très généreux dans ton blog avec tous les détails que tu nous fournis. Maintenant, bon repos avant tes prochains défis !

  14. Trop bien ton CR 🙂
    Mais … ce n’est que ma troisième participation !!
    Encore une fois, c’était un plaisir de partager cet avant course (et la bière d’après course!) avec toi !
    A l’année prochaine sur la TDS ?!?

    • Merci!!
      On n’a qu’à dire que ça fait 4 avec celle de 2016, non?! Ha, la TDS, je sais pas… on verra. Faut déjà digérer celle-là!
      C’était trop sympa de partager ces moments avec toi. Merci!!

  15. Thibault - Dossard42195

    Bravo, Enorme « perf » que de finir ce genre de courses. Sympa de pouvoir vivre ta course à travers ce récit.

  16. Pingback: Runnosphere.org - CCC

  17. Merci Greg pour le commentaire ! J’ai lu ton CR et je dois dire chapeau pour cette course gérée de bout en bout ! Ça m’a donné envie de prolonger l’aventure dans deux ans 😉 En effet, dommage que l’on ne se soit pas croisé mais ça ne sera pas la dernière occasion 😉 En tout cas, bonne recup à toi et bonne reprise. Mais surtout, à très vite sur les sentiers 😉

  18. Super course ! je suis sur que tu penses deja à la prochaine;)
    Tu vois, j’avais vu juste pour la montée du grand col Ferret.
    a très vite

    yann

  19. Full respect Greg, c’est incroyable, quelle aventure, j’ai adoré lire ton CR. Bravo Bravo BRAVO.
    Pour info, je viens de créer mon nouveau site, voici l’adresse : http://www.joggingtime.be , une petite visite et un commentaire fais toujours plaisir. A bientôt.

  20. j’ai réussi à prendre un après-midi libre pour lire ton CR 🙂 c’est toujours sympa de te lire, j’ai apprécié chaque détails .. on a l’impression de vivre la course avec toi. Bravo pour le défi relevé! c’est super ce que tu as accompli. Tu est prêt pour un IM … oups je voulais dire un UMTB 😉

  21. Salut Greg!

    Un grand bravo pour cette performance! Malgré la chaleur, encore une fois une super gestion… A chaque fois que je lis un récit je suis impressionné par ta gestion de course! 🙂

    Niko

  22. Pingback: Loubsol Synchro: le test // GREG-RUNNER | Greg Runner

Laisser une critique

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*