Marathon des villages 2024: mon retour avec dossard
Dimanche 20 octobre, j’ai pu accrocher mon 8ème dossard pour un marathon. Mais aussi, ma première course sur route depuis… bien longtemps. Entre excitation et stress, je reviens sur une course à laquelle j’ai déjà participé à 2 reprises, en solo et en duo. Récit de ma 3ème participation…
Le Marathon des Villages: une course que je connais bien
Je connais très bien le Marathon des Villages. J’ai pu y participer en solo en 2012 avec un chrono de 3h26 et en duo en 2013 avec mon beau-père Pierre-Antoine. Il faut dire que ma belle-famille est originaire d’Aquitaine et que le lieu de la course est bien pratique en termes d’organisation personnelle.
D’ailleurs, je dois ma participation à cette course à mon beau-frère Pierre-Yves. Pour ses quarante ans, il a la surprise de recevoir le dossard pour ce marathon en cadeau d’anniversaire de la part de deux de ses amis; une première pour lui! Du coup, je ne pouvais pas être absent à cet événement.
De plus, cela me permet de revenir avec un objectif en vue en guise de reprise, suite à ma blessure à la cheville qui s’était éternisée et qui est désormais résolue..
Je décide donc de me faire un plan marathon sur-mesure de 12 semaines. Pour se remettre dans le bain, c’est plutôt costaud mais en tant qu’athlète je sais très bien me gérer et je me connais bien. Et en tant que coach, je sais quels sont les métriques à suivre, quand il faut pousser la machine et quelles sont les limites à ne pas dépasser pour ne pas exploser et éviter de me blesser.
La prépa se passent très bien. Je perds tout doucement du poids (3,5kg sur les 12 semaines). Je retrouve progressivement des sensations. Je valide mon allure sur une dernière longue sortie de 35km et je suis plutôt confiant quand arrive le Jour J.
Veille de course
La veille de la course, je suis chez mes beaux-parents, qui sont proches du départ. J’attends Pierre-Yves et ses deux amis accompagnateurs inscrits quand à eux sur le marathon duo; il se relaieront pour accompagner mon beau-frère sur son premier marathon.
Quand la team est au complet, nous récupérons notre dossard sur le village, fourni avec notre t-shirt et une bouteille de vin chacun. Pendant ce temps, nos compagnes patientent avec un verre de bière à la buvette…
Petite photo sur la ligne de départ qui fait aussi ligne d’arrivée, et on rentre pour se préparer. Je prépare ma tenue ainsi que mon porte-bidon. J’accroche mon dossard sur mon t-shirt; je suis prêt pour demain.
Jour J
Nous sommes quatre à nous lever à 7h du matin pour prendre notre petit déjeuner. Très vite, les femmes et les beaux-parents nous rejoignent, suivis des enfants. L’ambiance est détendue. Nous prenons le temps de discuter, de nous préparer et de prendre une photo avec de nous rendre sur le départ, à 15min à pied.
Le stress monte petit à petit. Sur le village de la course, nous faisons un court échauffement; nous aurons le temps de nous échauffer pendant 42,2km! Couvert, j’enlève les couches vestimentaires qui me tenaient chaud et je les confie à mon épouse Lucie. Puis j’abandonne Pierre-Yves et ses deux compagnons et je vais me positionner un peu plus devant sur la ligne de départ.
Marathon des villages 2024: top départ!
Après un discours dont je ne saisis aucune bride, le départ est lancé. L’objectif est de ne pas partir trop vite. Dans la boucle de départ qui permet d’étendre le peloton, je vois Lucie que j’embrasse. C’est parti! L’euphorie redescend; je me concentre. L’objectif est vraiment de contrôler l’allure pour ne pas me griller pour les derniers kilomètres.
Les marathoniens du jour sont tout d’abord confrontés aux vallons du Ferret, une succession de montées et de descentes courtes. J’adapte l’allure en ne courant pas trop vite en montée, tout en relâchant en descente.
Une fois ces 5km de bosses et le premier ravitaillement passés, j’empreunte la piste cyclable qui amène au centre équestre de Lège-Cap-Ferret. Une première belle montée nous attend.
Pour ma part, je gère au cardio et aux sensations. Pour une raison que j’ignore, ma montre GPS me donne des allures bizarres auxquelles je ne peux pas me fier.
Au niveau sensation, j’ai les jambes qui tournent toutes seules. Du coup, je passe mon temps à ralentir l’allure, pour ne pas me cramer pour la fin de la course. D’autant plus qu’au niveau météo, l’ambiance est tropicale, avec beaucoup d’humidité dans l’air. Je décide donc de boire trois fois plus que ce que j’avais prévu, pour ne pas me déshydrater.
Arrivé au centre équestre et après avoir bien géré la première montée redoutée, je découvre Lucie positionnée pour m’encourager. Elle me ferait presque accélérer avec ses encouragements!
Je passe le premier 10km en 43min40, Juste avant d’attaquer le point culminant que nous appelons dans la famille la « Côte de la Gendarmerie ».
Alors que certains marchent, moi j’attaque cette côtelette en respirant bien profondément et en raccourcissant mes foulées, tout en ralentissant la vitesse. Je double quelques coureurs, et ça passe.
On peut alors profiter de l’une des plus belles vues sur le Bassin d’Arcachon et son Île aux Oiseaux, depuis la Pointe aux Chevaux.
Un peu plus loin, nous passons sur la plage où un tapis à été installé pour faciliter le passage des coureurs. C’est là que mon amie Laure et ses enfants se sont postés pour m’encourager.
Je m’approche du Bassin de Piraillan, un endroit naturel où se retrouvent de nombreux oiseaux, qui marque le KM15. Juste avant, tout la famille et les amis de Pierre-Yves sont positionnés sur le parcours et m’encouragent. Je suis ému par leur manifestation et leur enthousiasme à mon passage. Mon cardio s’envole!
Je mets un peu de temps à faire baisser mon palpitant. Le temps de retrouver une fréquence cardiaque normale et mon allure, et je passe la première boucle du parcours. Je passe le 16ème kilomètre en un peu moins de 1h10.
Première boucle bouclée!
Cette première boucle est le point de rendez-vous des coureurs en duo. C’est à cet endroit que les coureurs échangent la puce qu’ils ont à la cheville, afin que le coureur puis s’élancer sur la seconde boucle de 26km. Il y a donc une très grosse ambiance entre les coureurs qui patientent et les familles qui accompagnent.
Un kilomètre plus loin, j’en profite pour remplir ma gourde. Il y a des ravitaillements à tous les 5km environ. Je bois donc plus que prévu, il faut donc que je recharge plus souvent ma gourde. J’essaie de perdre le moins de temps possible en anticipant tout ce que je peux faire avant d’arriver au ravito.
Ensuite on emprunte pendant 3km la piste cyclable qui longe la « route des allemands », avant d’emprunter la route fermée à la circulation qui emmène au Cap Ferret. Je passe d’abord le 20km en un peu moins d’1h28, puis le semi en 1h33.
Au KM25, nous sommes entrés dans le Cap Ferret depuis 2km, et nous faisons face à l’imposant et magnifique phare blanc et rouge. Il est toujours difficile ensuite de se repérer car les rues se ressemblent et nous enchaînons des virages tantôt à droite, tantôt à gauche.
Le mur du Marathon, sans problème, mais pour combien de temps?
Avant les 30km, nous atteignons la pointe du Cap Ferret, l’extrémité de la presqu’île. Dommage, nous n’avons pas la vue sur la sortie du bassin donnant sur l’Atlantique. On ne voit pas non plus la Dune du Pylat, qui se trouve de l’autre côté de l’embouchure.
Je fais une nouvelle fois le plein de ma gourde et je passe le KM30 en 2h13. Je me sens bien et j’avance de manière régulière, en soufflant bien. Mais pas pour longtemps…
Le taux d’humidité dans l’air va bientôt faire son effet sur mon organisme. Au KM32, je sens les crampes qui arrivent. Pas encore d’effet sur les muscles mais ça ne devrait pas tarder. Augmenter mon hydratation n’aura pas suffit.
KM32: le début de la fin
Je ralentis donc pour repousser le moment fatidique du déclenchement des crampes. Mais il ne faudra pas attendre longtemps. Deux kilomètres plus loin, les crampes, pas trop fortes, font leur timide apparition. Mon allure ralentit, je passe à 5min/km puis 5min30 au kil.
A partir de maintenant, ça va être de la gestion…
L’objectif est d’essayer de courir jusqu’au bout, sinon, la fin va être longue. Donc, malgré des soubresauts
déclenchés par les spasmes musculaires, je poursuis sur une foulée ralentie.
Chaque fois que ma montre sonne pour indiquer un nouveau kilomètre enregistré, je me motive en me disant que je viens encore d’en boucler un, que je m’approche de l’arrivée. Mais je vois aussi le temps réalisé pour chaque dernier kilomètre qui se rallonge.
Au ravito juste avant le KM35, je m’arrête un instant pour boire plus d’eau et manger des fruits secs. Puis je m’engouffre dans la forêt de pins, courant sur l’interminable ligne droite de la piste cyclable.
Mon allure a chuté à 5min20/km, mais j’arrive à enquiller les mètres. Je me fais doubler, ce qui ne me booste pas forcément le moral, mais je sais qu’avec cette météo, le sort de ceux qui me doublent peut tourner très vite pour eux également. De plus, ce sont souvent des coureurs en duo, reconnaissables aux bracelet qui contient la puce, attachée à leur cheville.
Peu avant le KM37, je m’arrête rapidement pour m’étirer contre un pin. Les mains posées sur l’écorce de l’arbre, j’allonge mes mollets, 10 secondes pour chacun, et je repars. Cet pause « détente » m’apporte un peu de fraîcheur.
Enchaînement des villages ostréicoles, dans la douleur
Le ravito à la sortie du bois me permet de me réhydrater avant d’attaquer la faible pente qui mène vers le village ostréicole de L’Herbe. Arrivé dans le village, si les acclamations et les encouragements me portent, je suis toujours victime de soubresauts qui s’intensifient. Pourtant, à la sortie du village, un escalier m’attend…
Pas le temps de se lamenter! Une marche après l’autre, je gravis l’escalier en tirant sur la rampe avec les deux mains. La douleur des crampes que je retiens est de plus en plus forte, s’intensifie dans la montée. J’ai juste envie de pleurer.
A la sortie de cette « escalade », je retrouve Lucie et Pierre-Antoine, tous deux en vélo. Ils vont me suivre jusqu’à 100 mètres avant l’arrivée. A voir leur tête, je comprends que je n’ai pas une mine des meilleurs jours. Mais il m’encouragent.
La redescente qui suit n’est pas aussi agréable que ce à quoi je m’attendais. Il m’est impossible de relâcher.
Il me reste moins de 2km quand j’entre dans le village ostréicole du Canon. Le coin est magnifique, mais je tente de ne pas m’y attarder. L’arrivée est toute proche, même si les mètres s’allongent. Désormais, grâce aux encouragements et à la présence de ma femme et de mon beau-père, je ne m’arrête plus.
Il reste un peu plus de 1km pour traverser Piraillan et franchir la ligne. Mon amie Laure est à nouveau présente pour m’encourager. Devant moi, un coureur tente d’aider une femme qui souffre aussi de crampes. Mais celle-ci s’écroule en criant de douleur. Je passe juste à côté d’elle quand les spectateurs viennent l’aider.
Il reste alors 900m et j’aperçois au loin l’arche qui annonce la fin à ma torture. Puis j’entends juste devant, dans un des derniers virages du parcours, une clameur qui scande mon prénom et m’encourage. Tous les enfants, la famille et les amis sont là pour me donner un dernier élan.
Fatigué par l’effort et la souffrance, je suis ému et je me mets à pleurer en les remerciant. Impossible pour moi d’accélérer sur la dernière ligne droite, je ne peux qu’envoyer comme je peux une foulée après l’autre. Quand je franchis la ligne d’arrivée, je m’écroule sur une barrière avant de trouver un banc un peu plus loin pour m’assoir. J’ai terminé ce marathon de reprise en 3h16min21sec. Pour mes 42 ans, je termine 42ème de ce 42km! Je suis content de cette anecdote. Et heureux d’avoir réussi à sauver le meubles et surtout de finir en moins des 3h20, objectif que je m’étais fixé lors de mon inscription 3 mois plus tôt.
3h16min21sec: 42ème d’un 42km à 42 ans !
Tout le monde est là pour me féliciter mais aussi me demander comment je vais. Il semblerait que je fasse peur à voir. Ma fille a accouru et franchi les barrières pour s’assoir à mes côtés. On parle un instant, puis elle file pour retourner au « virage des supporters » pour acclamer Pierre-Yves, son parrain.
Pour ma part, j’ai beaucoup de mal à marcher. Je profite du ravito pour bien me réhydrater, et manger un morceau. Puis je rejoins Lucie qui m’aide à me changer. Avec la chaleur humide, mes vêtements sont trempés et collent. Pour le bas, je n’arrivent même pas à enlever mes chaussettes, car des crampes aux mollets, aux ischios et aux quadri se déclenchent.
Et Pierre-Yves?
Une fois habiller et sec, je rejoint toute la famille et les amis dans le virage. L’ambiance est bonne et notre groupe de supporters met l’ambiance. Pierre-Yves met plus de temps que prévu à arriver. Mais finalement, il arrive sous les hourra. Il franchit la ligne de son premier marathon après 4h26 de course, sous les encouragements des enfants qui ont pris le micro du speaker. Ce qui est sûr pour lui, c’est que ce sera son dernier marathon…
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